Le bon Samaritain

Publié le par Florymawit


 

 

 

« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle » ? Voilà une sacrée question ! Mais question curieuse quand c'est un religieux, homme cultivé, qui vient la poser à Jésus (Evangile de Luc ch.10 v.25). Cette demande part du constat que notre vie est limitée dans le temps. Elle a un début et une fin. Elle contient en même temps une aspiration à une vie qui dépasse celle-ci, à un refus de croire que tout s'arrêtera avec notre mort. Comment se résoudre à l'idée de n'être qu'une poussière sur cette terre contenant des milliards de personnes qui se succèdent au fil du temps ?

La question de la vie après la mort a toujours été présente dans les sociétés. La Bible nous apprend que, créés à l'image de Dieu, notre créateur a mis en nous la pensée de l'Eternité (Livre de l'Ecclésiaste ch.3 v.11).

Ce religieux qui pose la question connaissait la réponse, mais en théorie ! Quand Jésus lui demande : "Qu'est-il écrit dans la loi ? Qu'y lis-tu ?", il affirme sans hésiter : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ta force et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. » (v.26, 27). Mais quand Jésus lui dit : "tu as bien répondu, fais cela et tu vivras", c'est-à-dire lui demande de mettre en pratique cette parole, celui-ci, pour s'esquiver, rétorque : « qui est mon prochain ? ».

Jésus raconte alors une parabole, c'est-à-dire une histoire qui pointe une vérité essentielle ; c'est la parabole dite "du bon Samaritain" (v. 30 à 37):

Jésus reprit la parole et dit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba dans les mains des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups et s'en allèrent, le laissant à demi-mort. Un Sacrificateur (un chef religieux chargé des sacrifices au temple de Dieu), qui fortuitement descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. Un Lévite (un religieux chargé d'expliquer la loi), qui arriva aussi dans ce lieu, l'ayant vu, passa outre. Mais un Samaritain (un habitant du nord de la Palestine, méprisant les habitants du sud - là où est Jéricho- et méprisé par eux), qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu'il le vit. Il s'approcha et banda ses plaies... puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers (une forte somme), les donna à l'hôte (c'est-à-dire au gérant de l'auberge) et dit : aie soin de lui et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour ». Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des birgands ? C'est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit : « Va et toi, fais de même ».

Le Samaritain en passant outre le mépris inculqué par les hommes, laissant parler son coeur,  a été le prochain du blessé. Accéder à la vie éternelle, c'est aimer en pratique Dieu et mes semblables, c'est suivre l'exemple du Samaritain ! Le sacrificateur, c'est-à-dire le prêtre du temple, a une fonction importante. Il est l'intermédiaire entre Dieu et les hommes. Mais il a passé son chemin. Le lévite, aide du sacrificateur, passe également sans rien faire. Il peut y avoir maintes raisons qui ont poussé ces hommes à ne pas s'arrêter : trop pris par leur travail, pressés par les responsabilités liées à leur fonction, ou peut-être apeurés par les blessures de cet inconnu, ou simplement indifférents… Ces deux hommes sont des religieux : on serait pourtant en droit d'attendre leur aide !

Peut-être nous arrive-t-il aussi d'être déçus par ceux qui nous sont proches. Que se passe-t-il dans nos cœurs quand les personnes desquelles nous pourrions attendre de l'aide refusent même de nous voir, et encore moins de voir notre souffrance… Quand ceux qui nous sont si proches ne peuvent, ou ne veulent nous aider, notre souffrance est encore plus lourde, plus profonde. Plus le temps passe et plus l'état du blessé s'aggrave…

Les Samaritains et les Juifs étaient loin d'être des amis. En conflit depuis de nombreuses années, ils n'avaient aucune estime les uns pour les autres. Ils ne se parlaient pas, n'avaient aucune relation. La haine était réciproque. Que pouvait espérer notre blessé de ce Samaritain ? Il ne pouvait s'attendre qu'à de l'indifférence. Et pourtant, celui-ci s'arrête, s'approche, et est pris de pitié pour lui. Il bande ses blessures, prend soin de lui… Et en faisant cela il accomplit la volonté de Dieu pour les hommes.


 
 
Avez-vous remarqué ce qui s'est passé lors de l'entretien entre le religieux et Jésus ? L'homme de loi, conscient de l'exigence de ce que Dieu demande, a essayé de contourner le commandement en demandant "qui est mon prochain", sous-entendu : certaines personnes sont bonnes à aimer, d'autres pas. Dieu ne peut pas nous demander d'aimer tout le monde ! Mais Jésus lui répond par une question inverse : "qui a été le prochain de l'homme blessé ?". Il l'amène ainsi à réfléchir à sa propre question mais dans la situation où lui-même aurait besoin d'aide et serait bien content que quelqu'un qu'il méprise et qui le méprise soit là pour l'aider. Jésus lui montre l'obligation de ne pas faire de différence entre les hommes, mais d'être simplement, à l'image de Dieu, motivé par la compassion, par l'amour, dans tous nos actes.

Ah, si nous voulions bien écouter Dieu et mettre en pratique Sa Parole !...

En réfléchissant aux raisons qui nous empêchent d'aider les autres on pourrait constater que parfois, nous aussi, nous sommes en réalité comme ce blessé au bord de la route. Nous sentons nos manquements à l'égard des autres et nous sommes limités par notre propre souffrance. Comment pourrions-nous les aider, alors que nous-mêmes avons besoin d'assitance, d'écoute ?

A chaque instant, dans nos situations de souffrances, au sein de toute déception, quand nous rencontrons l'indifférence… soyons dans la certitude que nous avons, nous aussi, un « bon samaritain » : Jésus est celui qui nous rejoint et s'arrête à notre niveau.

Il voit nos peines, nos pensées, nos impasses. Il voit et a compassion. Son amour le pousse à l'action : il est venu à notre rencontre, mais aujourd'hui encore, par son Esprit, il vient nous rejoindre là où nous nous trouvons. Il nous connaît. Il n'y a pas de situations impossibles pour lui. Il vient nous rencontrer personnellement et apporter sa consolation, son puissant secours. Il vient panser nos blessures, nous restaurer, nous redonner la vie !

Son remède est son amour ; un amour qui l'a poussé à donner sa vie pour nous ; afin que nous ayons la vie, et la vie éternelle ! Comme ce samaritain, il ne se contente pas d'accomplir l'urgent, le nécessaire, mais va au delà, jusqu'au bout ; même si cela a signifié pour lui la mort cruelle de la croix. « Il est venu guérir les cœurs brisés, soulager les opprimés, libérer les captifs, annoncer une année de grâce de la part de l'Eternel » (Evangile de Luc ch.4 v.18).

Etait-il possible à ce blessé de refuser l'aide du samaritain ? Cela aurait été de la folie, du suicide ! Comment refuser la présence agissante de Jésus-Christ dans nos vies ? Pour cela, il faut accepter d'avoir besoin de lui. Il faut certainement de l'humilité, une prise de conscience de notre besoin de son amour, d'une relation avec lui. Jésus peut, veut et vient nous rejoindre dans nos vies. A nous de laisser sa vie venir nous guérir, nous restaurer.

Voilà la conclusion de Jésus à cet homme qui cherchait à savoir comment obtenir la vie Eternelle. Jésus a également déclaré : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » (Evangile de Jean ch.15 v.12). En recevant l'amour de Jésus, en acceptant ses soins, sa guérison, je peux alors être debout et faire aux autres, ce que le Christ a fait pour moi. 

 


par Jema Taboyan, bibliste

Publié dans Enseignements

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