L’homme riche et Lazare

Publié le par Florymawit

L’homme riche et Lazare

   L’homme riche et Lazare

L’histoire de ‘l’homme riche et du pauvre Lazare’ est une confirmation extrêmement sérieuse de ce que nous avons vu dans la parabole de ‘l’économe injuste’ au commencement de ce même chapitre. Je dis bien ‘histoire’ et non pas ‘parabole’, car le Seigneur ne parle pas directement de parabole. En outre, l’une des deux personnes porte un nom, ce qui, pour une parabole, est totalement inhabituel.

Si nous nous occupons de cette histoire malgré le cadre fixé [l’étude des paraboles], c’est avant tout parce qu’elle est une sorte de continuation de la parabole de ‘l’économe injuste’. En outre, elle comporte des aspects absolument typiques de paraboles, au moins dans la deuxième partie où le Seigneur soulève quelque peu le voile du monde invisible. Cependant, le Seigneur parle tout du long de faits, Il ne présente pas seulement des images. Il s’agit d’un épisode qui a réellement eu lieu.

Tandis que les paraboles de Luc 15 sont une réponse aux murmures des pharisiens, nous voyons au ch. 16 qu’ils vont un pas plus loin, et qu’ils se mettent à se moquer de Lui. Parce qu’ils aimaient l’argent, ils se sentaient condamnés par la parabole de ‘l’économe injuste’ ; c’est pourquoi ils se dressèrent contre Lui.

Mais Dieu connaissait leurs cœurs, et Il savait ce qui avait, en vérité, de la valeur pour eux. Aussi le Seigneur ajoute : « car ce qui est haut estiméparmi les hommes est une abomination devant Dieu » (16:15). Le tableau dressé ensuite par le Seigneur dépeint ces deux choses clairement, mais avec gravité.

 

1  La vie présente

 

« Or il y avait un homme riche qui se vêtait de pourpre et de fin lin, et qui faisait joyeuse chère, chaque jour, splendidement. Et il y avait un pauvre, nommé Lazare, couché à sa porte, tout couvert d’ulcères, et qui désirait de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; mais les chiens aussi venaient lécher ses ulcères » (16:21).

 

Dans la parabole de Luc 12, nous avons déjà vu un ‘riche cultivateur de blé’. Être riche n’est pas en soi une honte. Abraham lui-même, dont le Seigneur parle juste après, avait été un homme riche, et même très riche ; mais il avait été un homme de foi, et pendant sa vie, il avait habité dans des tentes. Par contre l’homme riche de notre chapitre se donnait du bon temps dans ce monde, mais sans Dieu. Non seulement il se vêtait des meilleurs habits — la pourpre et le fin lin (byssus) se retrouvent nommés ensemble en Esther 1:6 et Apocalypse 18:12 — mais il faisait joyeuse chère chaque jour, splendidement. Il était certainement hautementabomination. considéré parmi les hommes, car « on te louera si tu te fais du bien » dit la Parole de Dieu (Ps. 49:18) ; mais devant Dieu, sa manière de vivre était une

Ne faisait-il pas précisément ce contre quoi la Seigneur mettait en garde dans la parabole de ‘l’économe injuste’ ? Il ne vivait que pour le temps présent, que pour le temps avant l’au-delà, que pour lui-même. Il ne souciait pas le moins du monde du temps de l’au-delà, « quand les richesses (le Mammon) viendraient à manquer ».

Sa manière de penser était celle de beaucoup de gens aujourd’hui, à savoir que l’avenir prendra soin de lui-même. Quelle folie ! Sur ce plan, ‘l’économe injuste’ était plus prudent. Il se révéla donc que ce riche, malgré toute sa vie splendide et toute sa gaieté extérieure, n’était qu’un ‘fils de ce siècle’ [de ce monde]. Il ne faisait pas partie des ‘fils de la lumière’. Redisons-le encore une fois : devant Dieu, cette manière de vivre était une abomination.

Cela ressort encore plus clairement quand nous donnons un coup d’œil sur le pauvre dont le nom était Lazare. Plein d’ulcères, il était couché à la porte du riche. Cela situe la relation entre le pauvre Lazare et l’homme riche. On avait jeté le pauvre à la porte du riche, et maintenant il gisait là, incapable même de se déplacer sur des béquilles.

Cette porte qui rayonnait certainement d’une blancheur éblouissante, le riche devait la passer avec ses amis, et il devait voir la misère du pauvre, et entendre sa voix qui quémandait. Il lui était impossible d’échapper à cette main suppliante tendue vers lui, pour qu’il donne quand même quelque chose de ce qui tombait de sa table. N’était-ce pas là l’occasion de faire du bien ?

Or il n’est pas dit qu’il l’ait fait. Le riche se détournait avec dégoût. Aucun des commandements de l’Ancien Testament d’aider les pauvres ne lui venait à l’esprit. Les chiens errants avaient plus de miséricorde que lui. Ils léchaient les ulcères du pauvre. Ils étaient ses seuls « amis ». Ce que les gens ne faisaient pas, les chiens le faisaient.

Or malgré tout, ce pauvre portait un nom : Lazare (Dieu est le secours). C’est comme si le Seigneur Jésus lisait dans le livre de vie et y voyait le nom inscrit, alors que celui du riche manquait. Le Seigneur connaît ceux qui sont Siens. Lazare était manifestement quelqu’un sur qui l’œil de Dieu reposait en bonté, malgré toute sa pauvreté et sa misère — quelqu’un qu’Il connaissait par nom. La suite de l’histoire le confirme.

 

2  Un changement significatif dans les voies de Dieu

Arrivés à ce point, il est nécessaire de souligner un changement significatif dans les voies de Dieu avec les hommes – un changement qui est à la base de tout ce qui est dit. Si nous ne le saisissons pas, l’enseignement du Seigneur dans ce récit nous restera largement incompréhensible. Car nous pouvons nous poser à juste titre la question suivante : la richesse n’était-elle pas un signe de la bénédiction de Dieu — justement pour les Juifs — et la pauvreté une punition ?

Oui, quand Israël était encore le peuple de Dieu, dans la dispensation de la loi, il en avait été ainsi. Mais l’homme en général s’est montré entièrement corrompu, et Israël en particulier n’a pas satisfait à sa responsabilité. Ils ont plutôt rejeté Dieu et Son Christ. Un des résultats en est qu’ils sont déchus de tout droit aux bénédictions terrestres.

Mais à cause de la miséricorde de Dieu et sur la base de l’œuvre rédemptrice de Christ, une nouvelle époque, le temps de la grâce, devait prendre la relève de l’époque de la loi. Le Seigneur Jésus avait parlé de ce changement devant les pharisiens, et Il avait dit : « La loi et les prophètes ont été jusqu’à Jean ; dès lors le royaume de Dieu est annoncé et chacun use de violence pour y entrer » (16:16). Le temps du gouvernement de Dieu sur la terre était par conséquent passé. Il reviendra un jour, mais entre temps, tout est une question de foi ; « nous marchons par la foi, non par la vue » (2 Cor. 5:7). Le royaume de Dieu n’existe pas sous forme visible aujourd’hui, mais sous une forme invisible, morale (Rom. 14:17 ; 1 Cor. 4:20).

En accord avec cela, le Seigneur donne maintenant, par ce récit, un enseignement révolutionnaire pour l’époque, selon lequel les circonstances extérieures de quelqu’un ici-bas et maintenant, ne sont pas le reflet de ses relations avec Dieu. Le bien-être et la richesse ne sont nullement la preuve que la personne concernée est juste ; elles ne sont absolument pas un signe de la faveur de Dieu. C’était une leçon nécessaire pour les Juifs d’alors, et l’est aussi pour nous aujourd’hui, justement parce que dans l’Ancien Testament les biens et la richesse étaient promis au juste. « La génération des hommes droits sera bénie. Les biens et la richesse seront dans sa maison » (Ps. 112:2, 3). Ailleurs, le psalmiste dit : « je n’ai jamais vu le juste abandonné, ni sa semence cherchant du pain » (Ps. 37:25).

Tout cela est maintenant changé fondamentalement, et l’exemple en est ce pauvre Lazare, souffrant et mendiant. Ni la richesse ni la santé ne lui ont été accordées dans cette vie, et pourtant son nom est inscrit dans le ciel. Aux jours de l’Ancien Testament, la pauvreté et la maladie était des signes du jugement de Dieu sur le péché. Mais le Nouveau Testament nous enseigne qu’il n’en est absolument plus de même. Au contraire, les enfants de Dieu de nos jours n’ont absolument aucune garantie de santé et de bien-être. « Vous avez de la tribulation dans le monde » (Jean 16:33), dit le Seigneur Jésus à Ses disciples au moment de les quitter.

C’est pourquoi il est tellement important de bien distinguer entre l’ancienne dispensation (époque) et la nouvelle. Sous l’ancienne dispensation, Dieu répondait à l’obéissance à Son égard par des bénédictions et des biens terrestres. Sous la nouvelle dispensation, ce sont des bénédictions célestes qui sont la part de l’enfant de Dieu (Éph. 1:3), tandis que Dieu utilise souvent les circonstances extérieures et toutes leurs afflictions pour éduquer Ses enfants et les purifier pour qu’ils portent plus de fruit pour Lui (Héb. 12:4-11 ; Jean 15:2).

 

3  Le temps de l’au-delà

Pour les croyants, il est profondément réjouissant qu’après tout ce qu’offre la terre, il y ait un « au-delà », ou comme Jean l’exprime dans l’Apocalypse, un « après ces choses » (Apoc. 4:1). Pour l’incrédule cependant, c’est un sujet d’effroi au plus haut point. L’un comme l’autre arrivent à la fin de leur course terrestre, d’une manière ou d’une autre. Et là où l’arbre tombe, là il est (Eccl. 11:3).

 

Le Seigneur dirige d’abord le regard sur le pauvre, et montre ce qui lui est arrivé. Il soulève par là le voile recouvrant le monde invisible. Il est seul à pouvoir le faire. N’attendons pas, comme certains disent en se moquant, que quelqu’un revienne de là pour nous dire ce qu’il y a. Jésus le Fils du Dieu vivant nous le dit.

 

« Et il arriva que le pauvre mourut, et qu’il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Et le riche aussi mourut, et fut enseveli » (16:22).

 

Oui, les enfants de Dieu meurent aussi, quand Dieu le veut et qu’ils ne sont pas appelés à vivre l’enlèvement. Ils ont vécu « au Seigneur » [ou : « ayant égard au Seigneur »], et de même, ils meurent « au Seigneur » [ou : « ayant égard au Seigneur »]. « Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes du Seigneur » (Rom. 14:8). Parole de triomphe ! Aussi avilissantes et humiliantes qu’aient pu être les circonstances dans la vie et dans la mort, nous sommes du Seigneur.

C’est ce qui arrive clairement dans le cas du pauvre Lazare d’une manière si grandiose. Pour lui aussi, « il arriva » qu’il mourut ; il n’est pas parlé une seule fois qu’il ait été enterré. Vraisemblablement son corps fut simplement jeté dans quelque trou sombre. Mais son âme fut transportée par les anges de Dieu dans le lieu de la félicité céleste ; c’est ce dont parle le ‘sein d’Abraham’. Il n’avait pas eu la possibilité de se faire des amis dans le ciel avec les richesses injustes, et pourtant c’est bien là qu’il arrive.

Réfléchissons à cela : les anges de Dieu, les habitants naturels du ciel s’intéressent vivement quand un des enfants de Dieu meurt ! Je suis profondément convaincu de ceci, que les critiques incroyants ont toujours cherché à éliminer par leurs explications : si un jour je meurs (bien que je n’attende pas cela, mais j’attends le Seigneur Lui-même), les anges de Dieu entourerons mon lit de mort et porteront mon âme au ciel.

Il me revient un souvenir qui m’a profondément impressionné, bien que je n’eusse alors qu’une dizaine d’années. Il y avait à Berlin une conférence de trois jours pour étudier la Parole de Dieu. Le sujet était alors le livre des Juges. Je vois encore clairement un très cher serviteur du Seigneur se lever et faire un développement qui touchait les cœurs sur la parabole de Jotham, le fils de Gédéon. Et voilà que soudain il s’arrête, se rassied rapidement et penche la tête en arrière. Il était mort. De jeunes hommes le portèrent sur un brancard à travers la foule des frères et sœurs jusqu’à l’hôpital le plus proche, où on ne put que constater que la mort avait fait son œuvre. Nous étions tous bouleversés, et remplis de tristesse quand nous reçûmes la nouvelle. Comment pouvait-on continuer la conférence ? Alors le frère Paul Schwefel se leva et dit d’une voix affectueuse et douce, que nous ne devions pas être effrayés. Nous avions vécu quelque chose de tout à fait extraordinaire : des anges étaient venus parmi nous et avaient porté l’âme de notre frère au ciel…

 

« Et il arriva que le pauvre mourut, et qu’il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Et le riche aussi mourut, et fut enseveli. Et, en hadès, levant ses yeux, comme il était dans les tourments, il voit de loin Abraham, et Lazare dans son sein » (16:22-23).

 

Quand le riche dut aussi quitter cette terre, il eut droit à un ensevelissement probablement splendide. Des centaines d’amis devaient se trouver là, on prononça de grands discours en son honneur. Mais il n’est pas question d’anges. Et alors le Seigneur Jésus mentionne une circonstance qui est vraie de quiconque meurt sans être réconcilié avec Dieu. À l’instant où il ferme les yeux ici-bas, il les ouvre en hadès, et Il ajoute : « comme il était dans les tourments ».

 

Le hadès n’est pas encore l’enfer. L’Écriture différencie clairement ces deux endroits et ces deux états. L’enfer est le lieu du séjour éternel de ceux qui meurent sans être réconciliés avec Dieu — l’étang de feu, embrasé de feu et de soufre. Ce n’est qu’après leur résurrection et leur jugement devant le grand trône blanc qu’ils seront « jetés dans l’étang de feu » (Matt. 5:22, 29, 30 ; 10:28 ; Marc 9:45 ; Apoc. 20:11-15 ; 21:8).

Le hadès, par contre, n’est qu’un état intermédiaire, le lieu invisible des esprits des trépassés. Dans plusieurs passages du Nouveau Testament, le ‘hadès’ est pris simplement comme l’équivalent grec du ‘Shéol’ hébreu (Matt. 11:23 ; 16:18 ; Luc 10:15 ; Apoc. 2:27, 31). Il traduit le séjour des morts, sans vouloir dire plus, et il correspond à peu près au terme ‘l’au-delà’ que nous utilisons souvent. Le ‘Sheol’ dans l’Ancien Testament s’applique aussi bien aux justes qu’aux injustes. L’Ancien Testament ne fait pas de distinction.

Ce n’est que dans notre passage que le Seigneur Jésus donne plus de lumière sur le hadès, et montre qu’y accèdent tous les gens qui meurent sans être réconciliés avec Dieu. C’est là que le riche ouvre les yeux alors qu’il était mort. De Lazare, par contre, il n’est pas dit qu’il ait été en hadès. Il est vu dans le sein d’Abraham. Cette distinction est encore plus claire en Luc 23, dans cette promesse merveilleuse que le Sauveur, crucifié et mourant, fait au brigand sauvé à Son côté : « En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (23:43). Être « avec Christ » est la part bienheureuse de tous ceux qui meurent dans le Seigneur (Phil. 1:23).

Le passage déjà mentionné d’Apoc. 20 fait une distinction supplémentaire remarquable entre la ‘mort’ et le ‘hadès’ : « Et la mort et le hadès rendirent les morts qui étaient en eux » (Apoc. 20:13). Cette expression ne décrit rien d’autre que la résurrection des morts pour le jugement, à savoir la réunion d’éléments de l’homme, jusque là séparés, le corps et l’esprit. La mort s’est emparée du corps et le hadès de l’esprit ou de l’âme des gens. Cela confirme que le hadès n’est qu’un état intermédiaire, mais aussi un endroit où se trouvent les esprits des trépassés. Quand la dernière résurrection a lieu, la mort et le hadès sont dès lors tous les deux dépourvus de signification, et ils sont symboliquement jetés dans l’étang de feu (20:14).

 

Nous avons déjà abordé la question que le hadès est un lieu de tourment. Le riche ouvre les yeux en hadès « comme il était dans les tourments ». Il aperçoit immédiatement Lazare, de loin, dans le sein d’Abraham.

 

« Et s’écriant, il dit : Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare, afin qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt, et qu’il rafraîchisse ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme » (16:24).

 

Ce passage nous apprend d’abord ceci : Avant même de recevoir son jugement définitif devant le grand trône blanc et d’être jeté dans l’étang de feu, l’injuste, quand il meurt, vient dans un lieu de tourment et souffre d’une grande douleur. La résurrection des impies n’a certes lieu qu’après les mille ans de règne de paix de Christ, mais leur sort immédiat après la mort est le tourment et la douleur.

C’est le Seigneur Jésus qui nous fait cette description, et pas un seul des termes qu’Il utilise ne laisse entendre qu’il y ait une échappatoire à cet état. Bien au contraire ! Certains parlent d’un ‘purgatoire’, mais c’est une invention de Satan, et beaucoup de gens ont déjà été victime de cette tromperie. Si nous ne recevons pas les paroles du Fils de Dieu par la foi, nous Le faisons menteur, et la vérité n’est pas en nous.

Il n’est parlé pas moins de quatre fois au cours de cette description, de tourment ou de douleur :

 

« Et, en hadès, levant ses yeux, comme il était dans les tourments, … » (16:23),

« … car je suis tourmenté dans cette flamme » (16:24),

« maintenant lui est consolé ici, et toi tu es tourmenté » (16:25),

« … de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de tourment » (16:28).

 

Quand un homme meurt, son sort éternel est fixé une fois pour toutes. Que beaucoup de gens prennent à cœur ce fait sérieux avant qu’il ne soit éternellement trop tard pour eux ! Il est bien vrai que « il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement » (Héb. 9:27). Tout n’est pas fini après la mort. Le diable peut bien le susurrer aux hommes, mais le Seigneur Jésus témoigne du contraire ; et Son témoignage concorde entièrement avec tout le reste du témoignage de l’Écriture sainte. Ne vaut-il pas mieux écouter Christ, le Fils de Dieu, plutôt que le diable, le père du mensonge (Jean 8:44) ?

 

Dans ses paraboles, le Seigneur Jésus, le grand Maître qui enseigne, donne des exemples de différentes sortes de prières, ou de négligences quant à la prière. Voilà une série de ces passages :

 

·            Chez la veuve de Luc 18 nous avons une prière pressante pour un besoin personnel

·            Chez l’ami de Luc 11, nous avons une prière pressante pour les besoins des autres

·            La prière du pharisien de Luc 18 n’est en réalité même pas une prière

·            Chez le publicain de Luc 18, nous trouvons une prière qui justifie

·            Le fils prodigue de Luc 15 commence par une prière de travers

·            Plus tard, chez le fils prodigue, nous trouvons un projet de prière, que de toute façon il n’a jamais exprimé sous cette forme

·            Chez le fils aîné de Luc 15, nous ne trouvons aucun sujet de prière

·            Les cinq vierges folles de Matt. 25 arrivent avec une prière qui est trop tard.

 

C’est dans cette dernière catégorie que tombe la demande de l’homme riche en hadès. Sa supplication pour qu’on ait pitié de lui est venue absolument trop tard. S’il avait prié pour cela pendant sa vie, sa prière aurait certainement été entendue ; mais quand on quitte cette terre sans être réconcilié, il n’y a plus de miséricorde de Dieu. Il avait eu assez de temps pendant sa vie pour la rechercher, mais ses pensées n’étaient qu’à être rempli de « ses biens » (v. 25). Une prière qui vient trop tard n’est pas écoutée.

Remarquez bien comment cet homme est devenu sans prétentions ! « Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare, afin qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt, et qu’il rafraîchisse ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme » (16:24). Comme descendant d’Abraham, il s’adresse à lui en le qualifiant de « père Abraham ». Mais il n’avait jamais été un vrai fils d’Abraham, le père de tous les croyants (Rom. 4:11-18 ; Gal. 3:7). Et lui dont la langue pouvait goûter autrefois les vins fins et les mets savoureux, il ne désirait maintenant que le rafraîchissement apporté par quelque gouttes d’eau au bout du doigt de Lazare.

Il connaissait cet homme. Jour après jour, il était couché à sa porte en train de mendier. Lui avait-il  montré de la miséricorde ? Non, et c’est lui-même maintenant qui demande cette miséricorde : « père Abraham, aie pitié de moi ».

Il y a encore un point remarquable : cet homme en hadès ne met pas en doute la justice de Dieu qui l’a mis dans ce lieu de tourment. Aussi ne demande-t-il pas d’en être délivré. Ce qu’il demande, ce n’est qu’un peu de soulagement à sa douleur. Mais même cette requête, comme nous allons le voir, n’est pas satisfaite.

 

Avant de se tourner vers la réponse significative d’Abraham, occupons-nous encore quelque instants de la manière dont le Seigneur Jésus parle ici. Il utilise maintenant partout des symboles, des expressions imagées, qui sont tirées du monde que nous connaissons : le sein d’Abraham, le rafraîchissement de la langue avec de l’eau, la souffrance dans la flamme, le grand gouffre que personne ne peut traverser. Mais Il décrit par là des choses qui se passent et des états dans ce monde qui nous est entièrement fermé et sur lequel nous ne savons rien. Il décrit donc l’insaisissable avec un vocabulaire qu’on peut saisir.

C’est effectivement la seule façon de susciter en nous quelques représentations de ce qui caractérise ce monde des trépassés. C’est une grande grâce que le Seigneur condescende à nous parler ainsi. Car s’Il avait parlé de manière absolue, nous ne comprendrions rien du tout. C’est comme quand des parents veulent parler à leur petit enfant sur des choses qui sont encore bien au-delà de ce qu’un enfant peut se représenter. Ou bien ils doivent prendre leurs distances, ou bien ils doivent se servir d’un langage infantile avec des mots simples monosyllabiques.

Cela rend aussi clair que nous ne puissions pas transposer un à un les éléments de ce que le Seigneur nous communique sur le monde des trépassés, dans le cadre du monde sensible où nous sommes. Nous pouvons recevoir tout, juste comme Il l’a dit, et alors nous sommes du bon côté, du côté sûr. Mais nous ne pouvons pas en tirer de conclusions allant plus loin, et qu’il ne nous appartient pas de tirer.

C’est ainsi que la question de savoir si, en principe, les incroyants en hadès peuvent voir les saints dans le paradis, ne peut pas être tranchée définitivement, à mon avis. Bien sûr, à cela s’oppose l’idée que les injustes aient alors une certaine représentation du bonheur des rachetés. Mais la conscience qu’ils auraient pu avoir eux-mêmes ce bonheur céleste et qu’ils ne l’ont pas voulu (comparer Apoc. 22:17) multipliera leur souffrance ; elle ne les lâchera pas pendant l’éternité. Cela me paraît être, ici, l’enseignement du Seigneur.

Encore un point que nous pouvons tirer des paroles du Seigneur. Les âmes des trépassés ont en fait quelque chose comme des « yeux », avec lesquels ils peuvent voir et reconnaître. Sur ce point, il est aussi juste de dire que nos chers endormis dans le Seigneur Jésus peuvent voir maintenant Celui en qui ils ont cru autrefois.

Et encore, nous apprenons que la personnalité des gens reste inchangée, même après la mort. L’homme riche pouvait reconnaître Abraham, bien qu’il ne l’ait jamais vu — tout comme Pierre, Jacques et Jean pouvaient reconnaître Moïse et Élie sur la montagne de la transfiguration. Dans l’autre monde, il n’est pas nécessaire de « se présenter » l’un à l’autre.

 

Nous entendons maintenant la réponse faite à l’appel et à la supplication de l’homme qui était riche autrefois :

 

« Mais Abraham dit : [Mon] enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement les maux ; et maintenant lui est consolé ici, et toi tu es tourmenté » (16:25)

 

Abraham reconnaît que l’homme riche fait partie de sa descendance naturelle, et c’est pourquoi il s’adresse à lui en utilisant ce terme ‘enfant’. Mais il confirme que les rapports de l’un et de l’autre ont évolué en sens opposés. Il peut arriver, et c’était le cas ici, que l’homme le plus pauvre de ce monde obtienne après la mort les bénédictions célestes les plus élevées, et que l’homme le plus riche de ce monde arrive dans les plus grands tourments, sans fin.

Mais cela ne dérive pas de ce que, dans sa vie, l’un a été si pauvre ici-bas et l’autre si riche. Abraham ne le dit pas, et ce n’aurait pas été la vérité. Non, le cas se situe autrement : si un homme en hadès demande de la pitié, ou si des personnes vivantes en arrivaient à penser que la souffrance en hadès, voire en enfer, pourrait être changée, ou adoucie, par quelque chose, alors qu’ils se rappellent ce qu’Abraham dit à l’homme riche en hadès : « tu as reçu tes biens pendant ta vie ». Sur Lazare, il ne dit d’ailleurs pas : « … ses maux ».

Oui, cet homme riche avait reçu dans sa vie ses biens. C’est ainsi qu’il les avait considérés, sans considérer Dieu. Il ne s’était pas soucié des trésors spirituels et célestes, les circonstances favorables de ce côté-ci de la vie lui avaient suffi. Vivre tous les jours joyeusement et splendidement, c’était le « bien » qu’il avait apprécié et aimé. Il avait richement savouré cela, comme étant « ses biens » — sans Dieu. Il n’est pas présenté directement comme quelqu’un de méchant, enivré du péché. Il est bien plutôt le type de ceux qui sont satisfaits de circonstances terrestres agréables et qui cherchent à en jouir à pleins traits, sans s’intéresser à la foi. L’un de mes lecteurs se reconnaîtrait-il peut-être dans cette description ?

En ce qui concerne Lazare, il avait reçu les maux pendant sa vie. Non pas « ses maux », comme déjà remarqué ; car ce n’étaient que des circonstances éprouvantes envoyées pour purifier sa foi, et diriger sa confiance entièrement sur Dieu. Il avait reçu les maux que Dieu lui avait envoyés, et les avait supportés avec patience. Cela avait peut-être même été l’occasion de sa conversion, de ce qu’il se tourne vers Dieu. Son espérance n’était en tout cas pas dirigée vers la terre, mais vers le ciel, et c’est là qu’il était maintenant, et qu’il était consolé avec les biens du ciel. Inversement, l’homme riche devait maintenant faire sans ses biens — et souffrir la douleur en hadès.

Répétons-le encore : ce n’était pas la pauvreté ni le besoin qui rendaient Lazare juste, pas plus que la richesse et la splendeur n’avaient fait du riche un injuste. Le Seigneur Jésus ne montre pas ici (pas plus que dans la parabole précédente de ‘l’économe injuste’) comment l’on devient juste devant Dieu, et comment on parvient au ciel. Pour l’apprendre, ce sont d’autres passages de la Parole de Dieu qu’il faut ouvrir. Ce qu’il nous faut apprendre ici, c’est beaucoup plutôt de reconnaître ce qui caractérise ce monde et le monde à venir. Les principes de l’un et de l’autre ne sont pas compatibles.

L’un des principes du monde invisible est formulé maintenant encore plus clairement par Abraham :

 

« Et outre tout cela, un grand gouffre est fermement établi entre nous et vous ; en sorte que ceux qui veulent passer d’ici vers vous ne le peuvent, et que ceux qui [veulent passer] de là ne traversent pas non plus vers nous » (16:26).

 

Il y a donc un grand gouffre entre les saints endormis (« nous ») et ceux qui sont morts dans leurs péchés (« vous »). Le verbe « est établi » est en réalité dans l’original au temps « parfait », ce qu’on peut exprimer ainsi : Le grand gouffre entre les deux domaines a été une fois établi, et maintenant il est établi et le reste.

L’expression ‘ceux qui veulent passer d’ici vers vous’ ne dit pas qu’il y aura vraiment des gens qui le voudront ; c’est plutôt l’inverse qu’on peut penser. Mais la signification réelle de cette affirmation est autre, et est extrêmement sérieuse : la mort décide pour toujours où on passera l’éternité, dans le ciel ou en enfer. Un passage de l’un de ces domaines à l’autre est et demeure impossible.

Si quelqu’un ne laisse pas ces déclarations comme elles sont, il rejette le témoignage du Fils de Dieu et il présume qu’Il n’a pas dit la vérité. Quand ce Fils de Dieu fait le constat qu’ils ne peuvent pas passer [d’un domaine à l’autre], voulait-Il dire qu’il y aurait un moment où on pourrait quand même passer ? On ne doit jamais manipuler ainsi les paroles de quelqu’un d’intègre : combien moins la Parole de Dieu ! Dieu dit toujours ce qu’Il veut dire, et Il veut dire ce qu’Il dit. La souffrance sera « éternelle », c’est-à-dire « non temporaire », « sans fin ». En rapport avec le jugement des vivants, le Seigneur Jésus confirme ceci : « Et ceux-ci s’en iront dans les tourments éternels, et les justes, dans la vie éternelle » (Matt. 25:46).

En face de déclarations aussi claires de l’Écriture sainte, comment ose-t-on encore prier pour les morts ? — cela reste incompréhensible, et c’est aussi inexcusable. Car cela suscite dans le cœur des gens des espérances qui ne s’appuient sur rien du tout dans l’Écriture sainte. La prière pour les morts est autant une invention de Satan que le purgatoire dont on sort purifié à un certain moment. Nous devons nous tenir absolument loin de telles pensées et de telles pratiques !

 

Quand Abraham ne peut pas donner suite à la demande d’adoucissement du tourment, l’homme riche exprime alors une autre demande qui concerne non pas son sort, mais celui de ses frères.

 

« Et il dit : Je te prie donc, père, de l’envoyer [Lazare] dans la maison de mon père, car j’ai cinq frères, en sorte qu’il les adjure ; de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de tourment » (16:27-28).

 

À première vue, cette requête semble présenter un caractère presque évangélique, car il voudrait que ses cinq frères n’aillent pas eux aussi dans ce lieu de tourment, mais dans le lieu de la félicité. Ils menaient manifestement une vie fort semblable à la sienne du temps où il était encore sur la terre. Bien qu’il soit maintenant en hadès, il revoit toujours que c’est son incrédulité qui l’a amené dans ce lieu de tourment.

En hadès, il n’y a en fait ni foi ni repentance ; c’est trop tard pour cela. Au lieu de reconnaître son incrédulité, l’homme riche invente un nouveau « moyen de grâce » pour ses frères. Si Dieu l’appliquait, ses frères se détourneraient de leurs voies. Oui, il résonne dans ses paroles quelque chose comme une accusation contre Dieu qui n’a pas agi dans son propre cas selon la méthode proposée, sinon il ne serait pas aujourd’hui dans ce lieu de tourment.

Indirectement, il fait le reproche à Dieu qu’il savait mieux que Lui comment ses frères sur la terre pourraient être sauvés — discours outrecuidant de quelqu’un qui est déjà lui-même sous le jugement de Dieu !

La réponse d’Abraham nous amène au point culminant de son entretien avec l’homme riche, et par là au point culminant de toute cet épisode :

 

« Mais Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent » (16:29).

 

Avoir Moïse et les prophètes, signifie avoir toute la Parole de Dieude l’Ancien Testament. Ce privilège avait été accordé au peuple d’Israël, spécialement à ses conducteurs, les pharisiens et les scribes. Mais bien qu’ils tinssent Moïse en grande estime, et que celui-ci avait écrit de Christ, ils ne croyaient pas son témoignage (Jean 5:46). Certes ils construisaient des tombeaux aux prophètes (Luc 11:47), mais ils ne croyaient pas leur témoignage.

L’homme riche, qui paraît être une personnalisation de l’incrédulité d’Israël, s’était ainsi comporté. Lui aussi s’était refusé à « écouter » Moïse et les prophètes, c’est-à-dire à recevoir dans son cœur ce qu’ils disaient. C’est la raison pour laquelle il était maintenant en hadès. Le même sort attendait aujourd’hui le peuple incrédule et ses conducteurs s’ils n’écoutaient pas ce que le Seigneur Jésus leur présentait.

Ces paroles-ci ne sont-elles pas aussi valables aujourd’hui : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent » ? À nous qui vivons au temps de la grâce, nous est confiée toute la Parole de Dieu, l’Ancien et le Nouveau Testament. Et cette Parole est le seul moyen dans la main de Dieu qui puisse amener au salut des hommes pécheurs. « La foi est de ce que l’on entend, et de ce que l’on entend par la Parole de Dieu » (Rom. 10:17).

Ce qu’on avait besoin en ce temps-là et ce qu’on a besoin aujourd’hui, c’est d’écouter cette Parole. Ce terme ne se limite pas à entendre les sons, mais il signifie écouter avec foi, une réception par la foi de ce qui est dit.

Publié dans Enseignements

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