Les «néo-protestants» veulent-ils la peau du Vatican ?

Publié le par Florymawit


 

 

Place Saint Pierre

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Ce lundi 28 juin, la Cour suprême américaine a déclaré qu’elle ne se prononcerait pas sur «l’immunité du Saint-Siège». En d’autres termes, en agissant de la sorte, les neuf sages confirment la décision d’une Cour d’Appel de lever l’immunité du Saint-Siège et la rendent définitive. Désormais, le Vatican pourra donc être tenu civilement responsable des actes d’un prêtre dans une affaire de pédophilie.

Malgré l’importance de la décision, le Vatican ne souhaite pas pour autant s’affoler. Jeffrey Lena, avocat du Vatican, a assuré que lorsque l’affaire d’une victime d’un prêtre pédophile dans l’Oregon, sera à nouveau soumise à un tribunal d’instance, il prouvera que le Saint-Siège ne peut être tenu responsable des agissements du prêtre, puisque ce dernier n’était pas un employé du Vatican. En outre, le Vatican dit bénéficier de l’immunité aux termes d’une loi américaine de 1976 qui protège les Etats étrangers contre les poursuites.

Seul problème : le Vatican est-il réellement un Etat ? Quoi qu’il en soit, le Vatican affirme encore qu’il ne peut être considéré comme une multinationale dont les cadres pourraient in fine être tenus responsables des actes de leurs subordonnés, parce que les diocèses ont leur propre statut juridique en tant qu’employeurs. Et il fait aussi valoir que le pape jouit de l’immunité diplomatique.

Une déclaration de guerre contre le Vatican ?

Si cet imbroglio juridique ne devrait pas connaître un éclaircissement de sitôt, les réactions des fidèles catholiques ne se font pas attendre. En France, le journaliste et essayiste Patrice de Plunkett s’insurge et perçoit la décision de la Cour suprême comme une «déclaration de guerre». Sur son blog, il affirme encore que cette levée d’immunité permettrait au Cabinet d’avocats Anderson de «ruiner l’Eglise romaine et de la faire ainsi disparaître». Une joie pour cet avocat qui se réclamerait d’un «néoprotestantisme hostile à la Prostituée de Babylone», selon Patrick de Plunkett.

Alors… «Que va-t-il se passer maintenant ?», s’interroge encore le journaliste catholique.  «Dieu le sait. Peut-être Anderson aura-t-il gain de cause. Peut-être un juge calviniste approuvé par la Cour suprême, saisira-t-il l’occasion de réussir ce dont John Knox avait rêvé : ruiner Rome, et cela au moment où l’Eglise catholique (en grande difficulté financière) lutte pour se réorganiser et évangéliser l’Occident matérialiste mercantile».

Certains «néoprotestants» rêvent-ils vraiment d’assister à l’effondrement du Vatican comme le rapporte De Plunkett ? Certainement, même si la plupart des protestants évangéliques sont bien plus préoccupés par l’annonce de la Bonne Nouvelle, que par la santé du Saint-Siège. De plus, dans son article, Patrice de Plunkett oublie de rappeler la principale erreur de l’Eglise catholique concernant les milliers (1) de prêtres pédophiles : son silence et son inaction durant plusieurs décennies.

D’ailleurs, dans un communiqué, Jeff Anderson déclare que «le geste des juges est la réponse aux prières de milliers de victimes d’abus sexuels qui ont enfin une chance réelle d’obtenir justice et de connaître la vérité sur la complicité des responsables du Vatican qui a couvert des actes criminels commis par des prêtres catholiques à l’encontre d’enfants innocents». Cette erreur pourrait-elle aujourd’hui causer sa perte ? Si la crise est inéluctable, l’effondrement est un scénario peu probable.

Paul OHLOTT

(1) En 2004, le John Jay report, une étude indépendante du John Jay College of Criminal Justice de New York, rendue publique par l’Église catholique américaine, établit à 4 400 le nombre de prêtres accusés d’abus sur des mineurs aux États-Unis entre 1950 et 2002, soit 4 % de l’ensemble des 110 000 prêtres en fonction pendant cette période. Le nombre de mineurs victimes de ces abus est évalué à 11 000, 67 % ayant entre 11 et 17 ans. [Source : Wikipédia]

source:actu-chretienne

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