L'abandon des choses Maître Eckhardt

Publié le par Florymawit


Les gens vous disent, « Ah ! cher ami, que j'aimerais être avec Dieu sur un aussi bon pied et avoir ce recueillement et cette paix avec Dieu que d'autres gens possèdent. Si seulement j'étais dans une aussi bonne situation et pouvais donc être pauvre ! » Ou bien, « Je ne suis jamais bien disposé, en outre j'habite ici ou là, je m'occupe de ceci ou de cela. Il faudrait que je vive sans toit ni manteau ou dans un ermitage ou au couvent. »
Mais en réalité c'est uniquement ta faute, c'est de la volonté propre, rien de plus, même si tu ne veux pas en convenir ! Jamais ne surgit en toi un trouble qu'il n'ait sa source dans la volonté propre, qu'on en soit conscient ou non. Ce que nous nous persuadons alors : que l'on doit fuir ces choses-ci et rechercher celles-là, ces comparaisons de lieux et de gens, de manières, de directions, d'occupations – ce n'est pas la faute de cela si la situation ou les choses ont été pour toi un obstacle ! Mais ce qui est l'obstacle c'est toi-même dans les choses : ta position vis-à-vis des choses est à l'envers.
Mets donc le levier en toi et quitte-toi ! Car, en vérité ! si tu ne te fuis pas d'abord, alors, où que tu fuies, tu trouveras toujours empêchement et trouble. Les gens qui cherchent la paix dans les choses extérieures – dans les lieux et dans les modalités, par les hommes ou par les choses, par l'absence de logis, la pauvreté et la bassesse de condition – quelque bonne apparence que cela puisse avoir, tout cela n'est pourtant rien et ne donne pas la paix ! Ceux qui cherchent ainsi, cherchent tout à fait à contresens. Plus ils vont loin moins ils trouvent ce qu'ils cherchent. Ils vont comme quelqu'un qui s'est trompé de chemin ; plus il va loin plus il s'égare. Qui quitte sa volonté, qui se quitte lui-même, il a quitté le monde entier, aussi bien que si celui-ci était son bien propre et s'il l'avait possédé avec pleine puissance.
Tout ce que tu ne désires pas expressément, tu y as renoncé, tu l'as quitté pour Dieu. « Bienheureux sont les pauvres en esprit », a dit Notre-Seigneur ; cela veut dire : ceux qui sont pauvres en volonté. Et de cela personne ne doit douter. S'il y avait un meilleur chemin, Notre-Seigneur nous l'aurait indiqué. Comme il dit aussi : « Qui veut me suivre, qu'il renonce d'abord à lui-même ! » C'est là toute la question. Va à ta recherche et là où tu te trouves quitte-toi ! C'est ce qui est le plus salutaire.
Et sois persuadé qu'il n'y a encore jamais eu personne en cette vie qui ne se soit tellement renoncé qu'il ne trouve toujours le moyen de se renoncer davantage. Il y a peu de gens qui comprennent bien cela et restent fermes là-dessus. Il est juste de rendre la pareille et c'est un marché équitable : dans la mesure où tu sors des choses, dans la même mesure exactement, ni plus ni moins, Dieu entre en toi avec tout ce qui est à lui. Ici attaque-toi à l'ouvrage et mets-toi en frais, fais ce que tu peux, ainsi tu trouveras la vraie paix !
Et autrement pas.link

Publié dans Enseignements

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